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MAISON LOINTAINE (2)

RECITS DE SHEHERAZADE

Elle attend.

Elle se bande les yeux et place les mains derrière son dos.

Elle respire difficilement puis se calme. Du reste, l’appartement est paisible et, à ce qu’elle en a vu, beau.

Et puis, son hôte a été jusqu’à maintenant plus rassurant qu’inquiétant.

Il vient.

Elle ne l’entend pas arriver.

Il la surprend.

« Bonjour. La voilà donc, la voyageuse »

Elle tressaille. La voix est familière et maintenant chaleureuse. Malgré tout, elle reste craintive.

Et silencieuse.

« J’ai dit, bonjour »

Elle soupire.

« Bonsoir, Christian »

Il a un petit rire de gorge.

« C’est vrai, il fait nuit »

Il est derrière elle et elle sent, dans son cou, sa respiration. Elle tente de deviner ses odeurs corporelles, les trouve délicates, peu corsées, agréables.

 « Tu es bien vêtue. Je te félicite. »

Elle se retient de répondre. Elle sent la peur monter. Elle dirait une sottise.

Du reste, il ajoute.

« Tu es gentille » 

Puis il l’embrasse sur la nuque, les épaules et, dans ses deux mains, prend ses seins. Il les presse doucement puis fermement.

« Je savais que tu serais comme ça. »

Le jeu commence.

Elle en a les règles puis qu’il les lui a dites mais malgré tout, elle tremble un peu. Il lui faut un peu de temps pour stabiliser son corps qui, pour le moment, oscille d’avant en arrière, très légèrement. 

Elle se raidit et se cambre.

« Je ne suis pas vilaine ? J’ai bien obéi ? »

« Non, te l’ai dit »

Il est face à elle maintenant et remonte le corsage en dentelle. Gestes doux. Rien à dire.

« Mais, c’est qu’elle a une belle poitrine, ma chienne. »

Il palpe à travers le soutien-gorge. Elles des seins lourds, presque pesants et laiteux dont la densité et l’importance la gênent parfois mais, en cas, présentent un avantage. Manifestement, il apprécie le volume l’ampleur.

Du reste, il les dégage en partie puis en travaille l’aréole avec persévérance.

« Mmmm. Bien France. Promesses tenues »

Il palpe, presse et maintient l’érection des mamelons de telle façon qu’elle gémit, se retient, et gémit encore. C’est bon et douloureux en même temps. Elle le lui précise puisqu’il le lui demande. Sans doute content de sa réponse, il pince plus fort les pointes timides de ses beaux seins. Elles prennent, entre ses doigts, une consistance à laquelle, elle ne se serait pas attendue, deviennent rigides, très sensibles et ambigües.

Car toujours elles sont pourvoyeuses de satisfaction et de souffrance. Une pression des doigts un peu douce la transporte de plaisir. La suivante, plus ferme, lui fait se pincer les lèvres.

« C’est bien ? Tu aimes ce jeu ?»

« Oui, Christian »

Il pince brutalement le mamelon gauche.

« Je n’ai pas compris, France »

Elle réprime un gémissement de douleur.

« Pardon, Monsieur »

« Voilà qui est bien. »

La jupe et le corsage sont alors retirés.

Il laisse une main sur le sein qui n’a pas été offensé et pose l’autre sur le ventre, juste au dessus du porte- jarretelles.

« France, ça va ? »

Elle marque un petit silence avant de répondre.

« Oui, Monsieur »

Il rit légèrement et elle se souvient de leurs entretiens virtuels où parfois elle l’entendait s’épancher ainsi. Dire ce qu’il voudrait, ferait quand ils seraient face à face. Elle est nostalgique.

Lui, poursuit le but fixé.

Il l’ouvre au doigt. Il inspecte. Elle est craintive, apeurée. Surtout ne pas mouiller trop vite. Rester sèche est meilleur. Elle le sait.

« Dis-moi, tu es jolie de là-aussi ! France ! »

Elle ne répond rien.

Il la fouaille en silence puis s’écarte et, elle le devine, s’assoit sur le canapé qu’elle a entraperçu.

« Ecarte plus les jambes et branle-toi. »

Elle obéit. Elle se caresse lentement avec un doigt, attendant qu’il en exige deux puis trois. Il ordonne, elle fait. Elle est à la fois lente et active, précautionneuse et adroite. Elle sait qu’il veut cela pour bien profiter du spectacle. Cette femme debout, en sous-vêtements noirs, qui, devant lui et pour lui, se masturbe.

« Tu fais ça avec des godes chez toi ? Tu me l’as dit. »

« Oui, Monsieur »

« Petite chienne qui aime jouir ! Tu es comme ça ? »

« Oui, Monsieur »

Elle se branle. Il la regarde. Elle a toujours les yeux bandés. C’est sans doute pour cela qu’elle s’applique tellement et insiste, se palpe, se masse, se caresse, alternant les effleurements et les intromissions, la vitesse des mouvements et leur intensité.

Si c’est bien, elle pourra le voir et n’aura plus de bandeau. C’est la règle.

Si c’est mal, elle restera comme elle est : présente à lui qui lui est, malgré tout, dérobé.

« Ce n’est pas assez. Doigte-toi ! Allez, tu t’es reposée du voyage ! Et puis c’est cool ici ! »

Elle sourit à cette remarque. Sans doute parce qu’elle aime son phrasé. Encore qu’au téléphone, la voix ait paru plus douce tandis que là, elle est ferme.

Elle introduit deux doigts dans son vagin et pour le faire, doit se courber légèrement. Elle est consciente qu’il observe tout, notamment l’entrée et la sortie de ses doigts. Ces mouvements ascendants et descendants qui la font haleter sont pour lui de délicieux repères du plaisir. Elle le sait et insiste pour se contenter.

Il rit de nouveau mais cette fois presque sévèrement.

« Va pas falloir jouir !  Ce n’est pas l’heure. »

Elle demande si elle doit ajouter un doigt. Il acquiesce. Elle est embarrassée car sa position est maladroite. Allongée, cela lui serait aisé. Tout de même, elle essaie. L’enfoncement est laborieux. Elle craint qu’il ne le voie et c’est ce qui arrive.

Il se lève et lui dit d’arrêter.

Elle reste silencieuse et interdite.

Il ne bouge pas.

Puis, quand elle a placé les mains le long de son corps, il s’approche d’elle et avec une douceur insoupçonnable, il lui enlève le bandeau qui obture sa vision.

Elle garde, malgré tout, les paupières closes tandis qu’il dit lentement.

« Je vois le visage de ma soumise. Voilà, je le vois. »

Alors, elle ouvre les yeux et voit son contentement.

Puis, elle découvre enfin ce visage anglo-saxon que seules, jusqu’à maintenant, les photos lui avaient montré. La structure du visage, la carnation, le dessin des mâchoires et des lèvres, la couleur des yeux.  L’implantation des cheveux aussi.

Une rigidité et une nonchalance mêlées, perceptibles dans les images qu’elle a reçues de lui et ses paroles.

Elle ne se contrôle plus. Les larmes lui viennent aux yeux.

C’est à la fois trop attendu et trop nouveau.

Elle pleure.

« France ! »

C’est elle qui recule.

Et lui qui vient à son secours.

« Oh !  Tant d’émotions !  Je ne vais pas te donner un mouchoir, si, tu en veux un ? »

Elle hoche la tête. Négativement.

Il disparaît, changeant de pièce.

Quand il revient, il a une bouteille de champagne à la main et deux flûtes.

« On se détend, France »

Elle attend pour boire ce vin qu’elle aime qu’il ait reposé. Elle est debout, toute droite, son verre à la main.

Lui, le maître, puisqu’il faut bien le nommer ainsi, est de trois quarts.

Quand pose- t’elle son verre et reçoit elle une première claque sur les fesses, elle ne le sait. La première est suivie de nombreuses autres. Il y a alternance. Il masturbe et fesse.

Quand, il cesse, il en revient aux seins dont il pince durement les bouts.

Elle commence à prendre le rythme, accepte la douleur et le plaisir, a du mal à se tenir droite et se penche souvent pour chercher les odeurs intimes de son pourvoyeur de bonheur. Elles sont avenantes et la séduisent.

S’allonger pour qu’il la doigte manuellement est simple. Il travaille bien. Elle geint.

Quand il faut se retourner, elle le fait avec humilité.

Il l’inspecte.

Il la regarde.

Elle sait ces gestes- là.

Ils sont impudiques mais significatifs.

Elle est « bonne » ou pas.

Dans son cas, elle le comprend vite, l’inspection est concluante.

« Dis-moi, tu es toujours aussi mouillée ? »

« Je le suis souvent, oui, assez vite. »

Il a ce même rire qu’il avait au téléphone. Franc et libérateur.

« Non, là, c’est immédiat. Tu ruisselles. »